Contes et chants du Portugal par Teresa Hogie
La conteuse Teresa Hogie était invitée aujourd’hui à l’Âge d’or de France pour leur première veillée de l’année 2018—2019.
Teresa Hogie est née au Portugal, qu’elle nous fait découvrir en contes et chansons, du Douro à l’Algarve en passant par le Minho. La séance s’ouvre sur Manuel, un jeune homme qui vit chez sa mère et s’ennuie ferme en regardant passer les trains du haut de son olivier. Le voilà parti sur les chemins, à travers les forêts de sapin, jusqu’à la ville de Lamego où il passera la plus longue nuit de sa vie.
Les histoires de Teresa chantent. Les images, les sons, le soleil à travers les sapins, l’obscurité de la nuit, le château : on voit le pays se déployer petit à petit sous nos yeux. Sa voix douce et rieuse, pleine de l’accent du Béarn où elle a vécu vingt ans, réchauffe les cœurs en se glissant par les oreilles.
Teresa chante dans les histoires aussi. En portugais et sans arrêt. J’avais beau n’y comprendre rien, je m’en moquais. La mélodie a cappella nous emporte, avec les personnages qu’elle entraîne d’un lieu au suivant.
Il pleuvait sur Paris en ce premier samedi de décembre. Comme il pleuvait sur les bergers dans la région de monsieur Mars, chaque printemps, quand il était fâché. Mais de la sagesse d’un vieux berger à l’avarice des autres, des excès de la vengeance à la bonté du partage, il s’est adouci et il ne pleut aujourd’hui jamais bien longtemps au mois de mars.
La soupe à la pierre rappelle bien d’autres soupes au caillou. Mais quel bonheur rare d’entendre le fermier interpeller sa Maria en portugais, pour donner au moine de passage un chaudron, des tisons, du sel, du choux, du lard fumé, et même un morceau de boudin. La pierre ? il la leur offre. Espoir qui souffle et pousse en avant. À l’image de ce futur marié qui part combattre le jour de ses noces, et revient des années plus tard, concrétiser cette union jamais achevée, certain contre toute raison que sa promise sera au rendez-vous.
Il n’y a pas de clair de lune comme celui de janvier, ni d’amour comme le premier.
Après un détour par Barcelos et son fameux coq, cap au sud. Gilda, blonde esclave viking épouse le sultan d’Algarve, mais se meurt de saudade de ne plus voir la neige. Par amour pour elle, il couvrira son royaume d’amandiers, aux blanches fleurs printanières.
Pour finir ce voyage, nous suivons deux frères qui explorent la campagne de village en village, racontant à qui veut les entendre les histoires plus invraisemblables en échange d’une nuitée. Menteurs ? Sans nul doute. Mais apportant à tous ces paysans qui n’avaient jamais vu plus loin que le bout leur champ un peu du merveilleux, de l’évasion dont on tisse les rêves.
Sur le chemin du retour, je les comprenais bien, ces paysans portugais : quelle joie, pour un instant, de laisser les histoires vous embarquer.